mardi 23 septembre 2014

Obêtre

Parmi les nombreux talents qui résident au Cheval Noir (et dans la rue du Cheval Noir), il y en a un qu'il fut heureux d'avoir car il a littéralement colorisé le quartier. Obêtre, qui nous quitte déjà à l'heure où j'écris ce message (il n'est resté qu'à peine un an parmi nous), nous parle ici lui-même de ses interventions dans le quartier :


“ Toutes ces peintures ont été réalisées spontanément, plus ou moins disons. Les dimanches.


La toute première au bout du Cheval Noir, sur le mur du parking de Dépôt-Design, une envie soudaine, de peindre dans la rue, d'entamer ce projet de "peinture du quartier". Celle-ci, je l'ai dédicacé à mon ami Parole avec qui j'ai réalisé de nombreuses peintures collectives. Je l'ai appelé "Un Beau Dimanche de Printemps". Un titre qui pourrait s'appliquer à l’ensemble des peintures.


Ensuite, j'ai peint le rideau en fer sur le coin de la rue des Mariniers, où j'ai repris un texte de Banksy en anglais, qui traite d'une ville où tout le monde serait invité à peindre, écrire sur les murs... Cette peinture murale est en quelque sorte le manifeste de mon projet de peinture dans le quartier. Signé Obis, signifiant Ô-bis : "la sainte réitération". Un projet que je mène depuis quelques années, où je réécris dans l'espace public des textes qui m'ont touchés et que je trouve pertinent à placer dans la rue.


Ensuite la peinture nommé "Anarchitekt", est une dédicace aux voisins architectes et propriétaires de cette grand porte. Un jour je l'ai croisé, ce "co-propriétaire architecte voisin", je lui ai dit que je taguerai sa porte.


Voilà, ce dimanche là, je l'ai fait tout en pensant à eux, à lui, à leur profession. Une manière de dire que les architectures une fois construites, non patrimonialisées, peuvent être utilisées, bien utilisées il me semble, par tout le monde de façon spontanée. Une manière de les rendre public.


C'est dire que toute mes peintures sont des manières de prouver, de dire à  tout le monde : "Regardez c'est possible de le faire".


La grande murale multicolore rue Fin est de la même veine. Spontanément réalisée en 3 heures, gratuitement, sans accord, sans participation autre que la mienne et le regard bienveillant des passants. Elle s'est immiscée dans un projet de murale mosaïque participatif de 2 ans de travail, coûtant cher, demandant des permis d'urbanisme, des accords des "maîtres au pouvoir" de Molenbeek.


Son esthétique reprend comme les 2 autres murales (rue Fin en rose et rue du Cheval Noir en bleu) ce que j'appelle une "composition néo-préhistorique post-graffiti". Une juxtaposition de traces réalisées à la bombe de peinture, une série d'épreuves techniques apposées ensemble de manière à couvrir la surface entière apprêtée. C'est pour moi une peinture architectonique : symbiose d’esthétique et de technique. La technique est apparente, transparente, exposée comme telle, formant une composition dont les passants m'ont dit qu'ils trouvent ça "beau".


D'autres peintures suivront avant mon départ du quartier...”